Les mines

La Houille

L’exploitation du « charbon de terre » de Marsanges est connue depuis plusieurs siècles. Mais ce n’est qu’après l’ordonnance royale de 1831 que l’exploitation industrielle fut entreprise.

Très rapidement on passa de 15 tonnes par an en 1824 à 2500 tonnes en 1850. Mais l’enclavement de la mine freine son développement. La mise en service de la ligne P.L.M. Langeac-Brioude en 1867 va permettre l’expédition du charbon vers Clermont-Ferrand. En 1870 l’ouverture de la ligne des Cévennes va offrir de nouveaux débouchés vers Nîmes et Marseille.
L’installation en 1877 d’un chemin de fer Decauville entre la mine et l’usine de lavage et de tri de Chambaret va faciliter l’exploitation.

En 1914, la mine donnait du travail à près de 200 personnes. La disparition des veines exploitables de charbon abouti à la fermeture de la mine le 31 décembre 1924.
On estime la production totale de la mine à 1 400 000 to entre 1832 et 1924, dont 1 250 000 tonnes de 1876 à 1920.

Si nous avons trouvé des documents sur l’usine de Chambaret, nous n’avons jamais vu de carte postale sur les installations de Marsanges-Barlet. Les documents en notre possession sont des photos et ne concernent que la période « fluorite ».

Le seul document en notre possession est l’atelier de mécanique de l’usine.

La totalité des installations fut alors reprise par une filiale de Péchiney pour l’exploitation des filons de fluorite.

Le site de Marsanges ne fut pas le seul site minier. D’autres mines furent exploitées à Chadernac, Fromenty et à la Chalède.
Si la production des mines de Chadernac et Fromenty fut insignifiante, il n’en fut pas de même à la Chalède. La mine fut exploitée de 1845 à 1933 pour une production de 150 000 tonnes environ.
Les anciens se souviennent certainement des vestiges de cette exploitation, derrière ce qui fut la ferme de la Chalède et du crassier au dessus de la voie ferrée, ainsi que du quai de chargement.
Un des puits le N° 2 est toujours visible dans la propriété de Mr Masseboeuf.
Jusqu’à ce jour nous n’avons trouvé ni carte postale ni photo ancienne de ces installations.

La Fluorine

La fluorine ou fluorite ou spath fluor est un fluorure de calcium. Le début de l’exploitation de ce minéral à Langeac date de 1880. Il était exploité pour sa teneur en stibine, minerai d’antimoine, pour alimenter l’usine l’Auvergne. C’est à partir de 1900 que l’industrie devient consommatrice de fluorine.
Elle sert de base pour la fabrication de l’acide fluorhydrique utilisé dans la chimie, mais aussi de fondant dans la métallurgie de l’aluminium alors en plein essor.

La richesse du gisement de Barlet a fait l’objet d’une exploitation intense de 1924 à 1965 par la société AFC (Alais-Froges et Camargue), avant fermeture définitive en 1975. Cette exploitation a été facilité par le rachat par AFC de toutes les installations des houillères des mines de Marsanges y compris le chemin de fer Decauville et l’usine de tri de Chambaret.

En 1955 en pleine exploitation AFC/PECHINEY employait 220 personnes à Langeac

Le gisement de la Dreyt proche de Chambaret a été exploité par AFC de 1950 à 1970. citons aussi un gisement à Chavaniac-Lafayette et la mine privée de Barlet appartenant aux familles Plantin, Chausson et Lebrat. Le gisement du Rouladou sur Pébrac a été abandonnée avant d’être mis en exploitation.

Il n’existe pas de carte postale sur les mines de fluorite, mais de très nombreuses photos existent chez des particuliers. En voici quelques unes, pour la plupart provenant des archives de Robert Tardieu.

Le plus connu des mineurs de la grande époque des mines de Barlet, fut sans conteste Mr Girardin , maître mineur, photographié en 1922.

A cette date travaillait-il dans la mine de charbon ou celle de spath? Les deux étaient en activité en 1922.La lampe à « carbure » à flamme libre, qu’il tient à la main, n’était pas utilisée dans les mines à charbon à cause du « grisou », gaz explosif.

L’Antimoine

La Stibine , minerai d’antimoine fut exploitée dans les mines de Barlet, Freycenet, Fromenty ainsi que près d’Ally à La Rodde. Ces minerais étaient traités par l’usine de la « Sté Métallurgique l’Auvergne » située au nord de la ville où se trouve aujourd’hui le C.E.S. et le gymnase Pierre Chany.
L’antimoine et les alliages de plomb et d’étain produits par l’entreprise, étaient à cette époque très recherché pour leur utilisations dans les munitions , les caractères d’imprimeries, les accumulateurs, et surtout dans les alliages antifriction dont le chemin de fer en plein développement, était gros utilisateur.

Tous les bâtiments y compris les cheminées de cette usine étaient construits en brique rouge !

On remarque l’évolution de l’usine construite au bord de la voie ferrée, sans jamais y être raccordée. On peut se poser la question, à quoi servait ces trois cheminées, deux d’entre elles étant semble-t-il éloignée des bâtiments. Elles étaient raccordées les unes aux autres par des conduits souterrains construits en brique. En fait seule la cheminée des fours, la plus proche de la route, évacuait des fumées. Les deux autres étaient liées à la technique métallurgique employée alors.

Au fond à gauche un immeuble à deux niveaux était réservé pour les appartements de deux contremaîtres. Au premier plan à droite, la maison du directeur.

De 1944 à 1953, j’habitais en face de l’entrée. Fin des années 40, les bâtiments des fours furent détruit par dynamitage, les entrepôts furent conservés. Les gravats furent laissés sur place et devinrent des refuges envahis par les lapins de garenne. Le site était à l’abandon.
La maison des contremaîtres fut habitée par la famille Auranche, la maison du directeur par Mme Martin, ainsi que la petite maison du gardien à l’entrée de l’usine par la famille Bouacida, employé chez Promeyrat.
Un atelier de mécanique avait été installé à droite de l’entrée par André Buchère tragiquement disparu en Afrique.

Sur la cheminée la plus proche de la voie ferrée était inscrit en briques blanches l’année de sa construction : 1903. Mon regret, ne pas avoir assisté et filmé ou photographié sa démolition. L’usine avait cessé son activité fin 1918 en laissant un crassier important de laitier vitrifié dont j’espère on a contrôlé la teneur avant la mise en place des nouvelles constructions.

Ce qui restait de l’usine a été démoli lors de la construction du C.E.S.

Les début d’activité de l’usine sont parfaitement décrit par Mr Christian Vialaron dans son livre sur la mine gauloise de la Rodde d’Ally.

Après de nombreuses recherches, je suis en mesure d’apporter quelques précisions sur cette usine.

Ce qui est certain c’est que la Sté Métallurgique l’Auvergne, était devenu une filiale de la Sté Minière et Métallurgique de l’Orb en 1909.
Cette firme possédait deux fonderies. Une est implantée dans l’Hérault à « Ceilhes » à proximité des mines qui sont sa propriété, l’autre à Langeac.
Cette dernière alimentée par des minerais locaux en baisse de volume, n’est plus rentable. Elle est mise « hors feu » le 1er janvier 1915.

Nous sommes en pleine guerre, et l’antimoine et le plomb antimonieux entre dans la fabrication des obus et des shrapnells. La « Sté Nouvelle des Mines de la Lucette » principal producteur français est alors sollicité par les autorités gouvernementales et militaires pour accroître sa production. En 1908 « la Lucette » a élaboré environ 25% de la production mondiale des alliages antimonieux.

« La Lucette » avait mis en exploitation dès 1912, en Algérie une nouvelle mine très riche en couche de surface et exploitable à « ciel ouvert ». Il n’y a pas de capacité de fonderie disponible en Algérie pour traiter le minerai. Au mois de mai 1915 un accord est trouvé entre « La Lucette » et la »SMMO ». « La Lucette » devient locataire de l’usine de Langeac, et fait sienne la remise en état et le redémarrage des installations.
La fonderie est en très mauvais état. Les sous produits de l’ancienne exploitation encombrent les hangars et les cours. La plupart des fours sont démantelés. Cependant alors que l’exploitation minière en Algérie s’intensifiait, l’usine était remise en état et le personnel recruté.

Dès juillet 1915 l’usine commençait ses premiers traitements avec des minerais locaux. En août les premiers minerais algériens arrivèrent. Ils étaient acheminés par train, puis par bateau et en train jusqu’à Langeac. Mais l’usine n’a jamais été raccordée au réseau PLM.

Ce minerai pas adapté à la technologie de l’usine posa de nombreux problèmes. Des fours furent rasés et reconstruit. D’autres installations furent modifiées. En septembre l’usine adaptée au minerai algérien, a traité 350 to de minerai en 28 jours. La production a été de 50 to de « régule brut » et 100 to d’oxydes avec un rendement de 90%. Ce résultat très encourageant, « La Lucette » lança alors la production de plomb arsénieux utilisés dans la fabrication des shrapnells. En octobre la production a atteint 100 to de régule et 150 to de plomb arsénieux. Cela représentait une part importante des besoins de l’armée.

L’eau nécessaire à l’usine aurait été pompée dans l’Allier grâce à une conduite de 800 mètres! Les eaux de retour étaient renvoyées à la rivière par un canal parallèle à la conduite. Où était cette installation?

Les premiers mois furent difficiles car l’usine était saturée par le plomb et l’arsenic provenant des anciennes productions. Ce n’est qu’après « lessivage » par les nouveaux produits que l’usine fonctionnera correctement

La fin de la guerre et la chute brutale des besoins en antimoine et plomb arsénieux, a signé l’arrêt de mort de la fonderie de Langeac. Sans avoir de date précise les fours ont à nouveau été arrêtés fin1918. Voilà comment et pourquoi pour cause de guerre une usine fermée a revécu pendant quatre années.

Source : Revue le Génie Civil N° 1742 du 1.1.1916.

Autres Minéraux

Outre les minéraux cités ci-dessus le pays de Langeac a aussi connu des exploitations de Baryte, à Chavaniac, Mazeyrat, Saint Georges, Josat, Freycenet, ainsi que de Galène, à Chazelles , Montgros-Pinols et Ally. Ces minéraux étaient souvent associés à des minerais de cuivre, d’argent , de fer et à du soufre.